Ce qu'il se passe.
Aux US, le droit à l’avortement est menacé.
Rembobine Aileen, seriously ?
Oui. Un projet de la Cour suprême, le sommet du pouvoir judiciaire américain, a fuité hier. S’il est définitivement adopté, la loi fédérale ne protègera plus le droit à avorter et les États américains pourraient donc décider s’ils veulent l’abolir ou le maintenir. Le nombre d’avortements pourrait décliner de 14 % alors qu'on estime qu’1 femme sur 4 aux US a ou va avorter dans sa vie.
Dis-m'en plus.
L’histoire commence en 1970 quand Norma McCorvey, sous le pseudonyme de Jane Roe, conteste l’interdiction de l’avortement au Texas. Elle perd face au procureur texan Henry Wade, mais fait appel et remonte jusqu’à la Cour suprême qui lui donne raison en 1973. C’est l’arrêt Roe vs Wade qui protège le droit des femmes à avorter pendant le 1er trimestre de leur grossesse, au nom du droit à la vie privée.
Donc on peut avorter dans tous les US ?
En principe oui, mais en pratique, c’est plus compliqué. 13 États sur 50 ont des législations ultra restrictives, à la limite de l’interdiction. Et les spécialistes considèrent que seulement 13 y sont favorables. Mais si le texte passe, l’avortement pourrait carrément être considéré comme un crime dans certains États.
Ah quand même.
Le texte va être négocié jusqu’à fin juin. Mais s’il passe, selon les estimations, entre 13 et 25 États interdiraient probablement l’avortement, sans parfois même prévoir d’exception pour le viol et l’inceste. À l’inverse, 17 États et Washington DC ont préparé des lois pour le maintenir.
Comment ça se présente ?
Les assos de défense de l’avortement sont assez pessimistes car l’ex-président Donald Trump avait nommé 2 juges conservateurs à la Cour suprême pendant son mandat. Aujourd’hui, ils sont 6 conservateurs contre 3 libéraux.
Qu'en pensent les Américains ?
Selon un sondage de 2021, 63 % sont d’accord avec l’arrêt Roe vs Wade. Mais le débat risque de se tendre entre les pro-choice, favorables à l'avortement, et les pro-life, anti-avortement, avant les élections de mi-mandat de novembre 2022. Le sujet divise historiquement les deux partis dominants américains : Républicains, qui veulent plutôt limiter ce droit, et Démocrates, qui souhaitent protéger le principe de base.