Retours sur les bagarres en Île de France qui ont fait 2 morts

Société
Par
L'équipe Voxe
Le
2/24/2021

🗞 EN BANDE DÉSORGANISÉE

Ce qu’il se passe
Des bagarres entre bandes en Île-de-France ont fait 2 morts et un blessé grave.

Rembobine Sabine, ça me dit quelque chose.
Oui, ces rixes ont fait la une et elles inquiètent les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti. Au point qu’ils ont organisé lundi une réunion sur le sujet avec les préfets et les procureurs d'Île-de-France. Pour le contexte, tout a commencé le 15 janvier avec l’agression violente de Yuriy, 15 ans, à Paris, puis la mort de deux jeunes dans l’Essonne, les 22 et 23 février.

Tu parles de “bandes”, c’est-à-dire ?
Selon Marwan Mohammed, sociologue spécialiste du sujet, une bande c’est « un groupe de copains, adolescents, jeunes adultes, qui a une finalité sociale ». La bande se distingue des autres groupes par son caractère transgressif - comprendre : elle viole la loi, c’est de la petite délinquance. Autre définition d’Elizabeth Johnston, présidente d’une asso de collectivités territoriales, on ne parle pas de gang organisé avec une hiérarchie mais de groupe avec «  un fort sentiment d’identification à un quartier ».

Aké, et ça sert à quoi ?
Pour Marwan Mohammed, c’est un mécanisme de compensation sociale. C’est une façon de devenir quelqu’un quand on est - comme la plupart des jeunes qui en font partie - déscolarisés, sans travail, ni formation dans notre société qui valorise justement le diplôme et le taf. C’est aussi un crew sur lequel on peut compter, qui apporte des gratifications, du pouvoir d’achat à travers la petite délinquance mais aussi des logiques de solidarité comme le prêt et le partage. La plupart des gens qui en font partie finissent par quitter la bande et la petite délinquance après la vingtaine.

Et pourquoi elles se battent ces bandes en fait ?
Difficile à dire mais il semble que les raisons ne soient pas rationnelles. Ce ne seraient pas des conflits liés au trafic de drogue par exemple, mais plutôt des rivalités entre quartiers, des questions de réputation et de territoire. Dans le cas de Yuriy, selon la police, c’est une vengeance de la bande du plateau de Vanves, dans le sud de Paris, contre celle de Beaugrenelle, dans le 15e arrondissement, après l’agression d’un ado de Vanves de 13 ans filmée et diffusée. Concernant la mort des deux adolescents dans l’Essone - qui sont deux affaires séparées -  il s’agirait de rivalités déclenchées notamment par des insultes sur les réseaux sociaux.

Capiche, et donc il y en a de plus en plus ?
Impossible de répondre car il y a autant de chiffres que de façons de compter. On a réuni tout ce qu’on a trouvé pour que tu te fasses un avis. Le ministère de l’Intérieur estime une hausse de 25% des bastons entre 2020 et 2019 - situées à 84% en Île de France et concernant des jeunes de 13 à 15 ans - mais il ne dit pas comment il calcule ce chiffre. Le ministère de la Justice déclare qu’il ne peut pas confirmer les chiffres de l’Intérieur. Muriel Eglin, Présidente du tribunal pour enfants de Bobigny, elle,  « ne constate pas forcément d'augmentation du nombre de rixes entre bandes. C'est une problématique que l'on connaît depuis de nombreuses années, et il y a de temps en temps des flambées avec une multiplication sur un temps court de telles rixes ». Marwan Mohamed dit au contraire que le phénomène est sous-estimé parce que, par définition, les bandes se tiennent éloignées de la police et de la justice, ce qui le rend difficilement quantifiable.

Dans tous les cas, on fait quoi ?
3 décisions sont sorties de la réunion des ministres de l’Intérieur, de la Justice et des pros concernés.

1/ Gérald Darmanin a demandé aux préfets du pays d’évaluer la situation  et de définir un plan d’action avant le 10 mars. Concrètement, il recommande de former des groupes locaux de traitement de la délinquance en associant police, mairies et services éducatifs.

2/ Le ministre de la Justice, Eric Dupont-Moretti a rappelé qu'il bossait sur un plan de réduction des délais de jugement : aujourd’hui, on peut parfois être jugé à 22 ans pour des actes commis à 16, et cela peut laisser place à la récidive.

3/ Il veut aussi développer les alternatives aux poursuites comme les “interdictions de paraître”. Ce mécanisme permet à un juge d’éloigner un auteur de violence de sa victime et du lieu où il l’a commise.

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