Ce qu'il se passe.
La Russie est de tous les dossiers chauds du moment.
Rembobine Catherine, comment ça ?
Elle tire sur un de ses vieux satellites, menaçant la sécurité des spationautes de la Station spatiale internationale, déplace 100 000 soldats à la frontière ukrainienne, soutient le piège dont des milliers de migrants sont l’otage à la frontière Biélorussie - Pologne, et fait pression sur les livraisons de gaz à l’Europe. Bref, le président russe Vladimir Poutine se fait entendre sur la scène internationale.
Raconte-moi.
Économiquement, on ne peut pas dire que la Russie pèse dans le game international, son PIB est moins élevé que l’Italie pour plus du double d’habitants. Militairement, c’est moins évident. Avec la Chine, l’Inde, la Corée du Nord et les US, les Russes sont les seuls dans le monde à compter plus d’1 million de soldats. Mais l’enjeu majeur pour les US, et les Occidentaux en général, c’est le pouvoir de nuisance russe.
Et ça se traduit par ?
Vladimir Poutine joue les nuisibles à la périphérie de l’ex-URSS, dans des zones que la Russie a perdues à sa chute en 1991. C’est ce qui se passe en Crimée par exemple. La Crimée, ici, est un territoire ukrainien annexé illégalement par la Russie en 2014 et dans lequel le Président russe fait régulièrement monter la tension, comme en ce moment en y massant des troupes sans expliquer pourquoi. Plus largement, la théorie du Président russe, c’est que la Russie s’étend partout où il y a des russophones. Et ça fonctionne pour la Crimée, mais aussi en Moldavie, avec sa région sécessionniste, la Transnistrie, ou encore en Biélorussie.
Ah, quel est le lien ?
On soupçonne Vladimir Poutine - qui nie - d’orchestrer ou au moins de laisser faire la crise migratoire qui se joue à la frontière Biélorussie - Pologne en ce moment. Ce qui est sûr, c'est que quand les armées russe et biélorusse s'entraînent pile pendant cette crise dans la capitale biélorusse, ça envoie le signal que ces pays s'entendent bien. L’objectif de Vladimir Poutine ici, c’est de se présenter comme le patron de la zone et d’être celui qui règle le conflit avec l’Europe.
Je vois, et le gaz ?
Le gaz représente 50% du PIB de la Russie et cette dernière est le 1er fournisseur d’hydrocarbures de l’Europe. Vladimir Poutine et l’UE s’affrontent sur ce sujet depuis un moment. Concrètement, la Russie fait grimper les prix en rationnant l’Europe, et en retour, l’Europe met des bâtons dans les roues de son giga projet de pipeline, le North Stream II, qui doit l’alimenter en gaz. À garder en tête pour nuancer : même au plus fort de la Guerre froide, Moscou a toujours fourni du gaz à l’Europe.
Donc, elle a besoin de nous.
Oui et non, la Russie entretient un rapport ambivalent avec l'Europe. Depuis la chute de l’URSS, l’Occident se sent surpuissant et le dit un peu trop haut et trop fort, ce qui peut potentiellement humilier les Russes. Dans cette lignée, la Russie reproche à l’UE d’avoir fait entrer ses anciens pays satellites dans son giron et dans l’OTAN, le conseil de famille Europe - US, via lequel on s’est mis d’accord pour se protéger militairement en cas d’attaque de… suivez notre regard... notamment la Russie, oui. De l'autre, la Russie dépend économiquement de l’Union européenne qui représente son 1er débouché, soit 40,6% de ses exportations.
Mais que cherche Poutine alors ?
Augmenter sa street créd sur la scène intérieure, et s’affirmer sur la scène internationale serait une façon d’y arriver. Sa promesse en arrivant au pouvoir il y a 20 ans, c’était de moderniser économiquement la Russie, or sa rente reste aujourd’hui les matières premières, comme en 2008. Au début de son 4e mandat, en 2018, il avait aussi promis de réduire de moitié la pauvreté en 2024, maintenant il se donne jusqu’à 2030 alors que les Russes s’estiment de plus en plus pauvres.