Ce qu'il se passe.
On dresse le portrait de la France.

Rembobine Céline, comment ça ?
Après avoir usé nos Stabilo pour écrire ton antisèche présidentielle, on voulait prendre un peu de recul avant de voter. Pour ça, on s’appuie sur le livre du sondeur Jérôme Fourquet et du journaliste Jean-Laurent Cassely, La France sous nos yeux*. Il raconte comment, entre les 80’s et aujourd’hui, le pays a connu une grande métamorphose qui touche notre économie, nos paysages, ce qu’on consomme, nos jobs et notre culture.

Je suis tout ouïe.
En économie, on est passés de l’usine et des paysans à Disney et Intermarché. En 80, l’industrie représente 24 % de notre PIB, c’est 10 % en 2019. Les agriculteurs étaient 1 million en 88, 660 000 en 2000. C’est le plus grand "plan social" de la période. En parallèle, la France devient une zone commerciale et de loisirs. En 80, Intermarché compte 310 magasins, c’est 1 382 en 2020, soit un tous les 17 km en moyenne. EasyJet passe de 0 en 2000 à 250 lignes en 2019.

Wow, quoi d'autre ?
Pour la France d'Instagram, Sud-Ouest is the new black, et la Provence, plébiscitée dans les 80’s/90’s, est devenue ringarde. Des régions comme le Perche apparaissent sur la carte du cool pour les télétravailleurs riches et diplômés. La Drôme est la "capitale française de l’écologie". Le périurbain et les petites villes de province sont délaissés. La banlieue proche des grandes villes, elle, oscille entre boboïsation et ghettoïsation. Côté rêve de vie, Stéphane Plaza nous aura vampirisé avec ses doubles vasques et sa maison individuelle.

Ahah, tellement.
Côté consommation, c’est la polarisation (= les différences s'exacerbent) des modes de vie. Exemple : la premiumisation des vacances. Dans les campings, on remplace les tentes par des bungalows plus chics (+ 20 % en 6 ans). À l’inverse, le discount fait son trou : en 88, Lidl ouvre son 1er magasin, en 2021, l’enseigne en compte 1 500. Comme la vente entre particuliers. Entre 2006 et 2019, Leboncoin passe de 0 à 28 millions de visiteurs uniques chaque mois.

Ça commence à peser.
Yep. Et logiquement, côté boulot, émergent les "premiers de corvée", qui œuvrent pour cette société de services. De 8 milliards € de chiffre d’affaires en 2005 à 112 en 2020, le e-commerce fait naître une nouvelle figure : l’ouvrier de la logistique, qui remplace celui de l’usine. Même évolution des métiers du service : Onet propreté, le leader du ménage, emploie plus de salariés que Renault. Autre tendance, la reconversion : 12 % des créateurs de boîtes artisanales sont des anciens cadres. Côté bien-être/santé mentale : entre 2006 et 2018, on passe de 15 000 à 80 000 pros dans ce secteur.

D'accord, et qu'est-ce qu'on mange ?
Un quatuor a la hype : McDo - de 1 à 1 000 restos entre 80 et 2003 -, les sushis - 20 % de croissance entre 2005 et 2010 -, les kebabs, dont la France est le 2e + gros consommateur après l’Allemagne, et les microbrasseries, passées de 100 à 2 000 en 20 ans.

*Bouquin publié en 2021, dispo ici.